Paroles d’experts

Production, souveraineté alimentaire et compétitivité : les grands défis de l’agriculture en Nouvelle-Aquitaine

Les Chambres d’agriculture vont fêter leurs cent ans cette année. De nouveaux défis les attendent pour répondre aux besoins alimentaires alors que les agriculteurs se sont mobilisés en ce début d’année pour exprimer leurs inquiétudes.

Le centenaire des chambres d’agriculture a été commémoré durant le Salon de l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine qui s’est tenu au mois de mai à Bordeaux. Un anniversaire qui résonne en cette année de mise en œuvre des nouvelles politiques agricoles et du dispositif régional sur l’installation/transmission. « Les Chambres d’agriculture sont attendues, affirme Luc Servant, président de la Chambre régionale d’agriculture. La production agricole, la souveraineté et la sécurité alimentaire ainsi que la compétitivité sont de très grands défis qui se présentent à nous. »

La maladie hémorragique épizootique (MHE) est arrivée en Nouvelle-Aquitaine cet automne obligeant à « garder un oeil vigilant ». Une crise sanitaire qui s’ajoute aux contraintes fortes subies par les agriculteurs de la région en raison « de fortes fluctuations des prix de vente et d’achat, des rendements difficiles à gérer et la transition écologique. »

Le maintien de la « production agricole sera l’objectif n°1 en Nouvelle-Aquitaine.

Retrouver la place de n°1

Depuis l’an dernier, Grand-Est est devenue la première région agricole de France en termes de chiffre d’affaires reléguant la Nouvelle-Aquitaine au second rang. Pour retrouver sa place, celle-ci doit maintenir sa production « ce sera l’objectif n°1 » assène Luc Servant. Plusieurs raisons expliquent cette relégation, en particulier le changement climatique. La question de la sécurisation de l’eau se pose alors face aux difficultés à mettre des ouvrages dédiés. Autre challenge à relever, la nécessité d’adapter la production. La région détient le plus grand nombre de productions sous signes officiels de qualité (IGP, AOP) et a beaucoup misé sur le bio. Depuis deux ans, ces marchés plafonnent obligeant les agriculteurs à se tourner vers d’autres productions. La solution passe par des produits plus standards qui correspondent à la demande, avec un coût de revient moins élevé, mais sans perdre de vue la transition écologique. 

Avec le nouveau dispositif d’installation/transmission de la Région, les Chambres d’agriculture souhaitent garder un œil attentif « sur le profil des jeunes qui vont s’installer et les accompagner vers les marchés qui sont là » en restant vigilant sur l’agriculture bio « pour
ne pas les emmener dans le mur. »

On n’a pas envie de laisser s’éteindre l’agriculture comme les chiffres l’annoncent
exploitant agricole

Changement de paradigme pour l’élevage

En Limousin, les éleveurs sont également inquiets. « Alors que les Chambres d’agriculture veulent relancer la transmission, on est rattrapé par différents problèmes, la baisse des revenus, les problèmes sanitaires comme la MHE… », signale Tony Cornelissen, président de la Chambre d’agriculture de la Corrèze jusqu’en février dernier.

Pour maintenir l’élevage et les pâtures, il appelle à un changement de paradigme afin de « proposer des productions à valeur ajoutée qui rapportent de l‘économie et des emplois notamment pour les entreprises agro-alimentaires du secteur. » Il appelle de ses vœux un « réel plan de reconquête humain, alimentaire et environnemental de productions. On n’a pas envie de laisser s’éteindre l’agriculture comme les chiffres l’annoncent avec demain moins d’un agriculteur par commune, renchérit-il. Demain, on aura encore plus besoin de manger. »

Chambre d'agriculture régionale nouvelle-aquitaine

Safer et Chambres d’agriculture : partenaires pour favoriser la transmission

Une convention nationale entre les Safer et les Chambres d’agriculture

Lors du Salon international de l’agriculture, la Fédération nationale des Safer et les Chambres d’agriculture France ont signé le 29 février 2024 une convention cadre pour agir ensemble sur les enjeux de transmission et d’installation. Identifier les cédants, définir les besoins et orienter vers la transmission, informer les porteurs de projets des opportunités existantes et accompagner la mise en relation avec les cédants… La mise en œuvre de ce partenariat viendra renforcer l’efficacité des actions des Safer et des Chambres d’agriculture, sur la base de leur complémentarité.

La démarche partenariale engagée en Nouvelle-Aquitaine

Sous l’impulsion de Julien Rouger, président du Comité Installation-Transmission de la Chambre régionale d’agriculture, et de Fabien Joffre, Président de la Safer, les Chambres d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine et la Safer ont lancé dès janvier 2024 une démarche partenariale afin de renforcer la collaboration sur le terrain entre les équipes des deux structures. L’ambition partagée est d’assurer le renouvellement des entreprises et des actifs agricoles, en favorisant l’installation et la transmission des exploitations avec des projets viables et durables. Le 16 janvier 2024, les directeurs départementaux de la Safer et les responsables des services Installation & Transmission des Chambres se sont réunis en séminaire à Angoulême pour lancer la démarche.

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